THE SNOBS
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Chronique de Massive Liquidity de Steve Dalachinsky and The Snobs

[...] Ni les instruments utilisés par Duck Feeling et arrangés et mixés par Mad Rabbit ni leur méthode de composition ne s'approchent ici de la stylistique rock. Sitar, meuleuse, bidons et seaux métalliques, guitares, orgue et un vieux magnétophone, tous mis à profit dans une démarche post-industrielle (si l'indus était la musique de l'urbanisme envahissant, alors les percussions des Snobs créent le son d'une banlieue semi-rurale spatialement étouffante) et post-moderne où le groove africain rencontre le bruit et la construction cérébrale européenne. La démarche est résolument ambitieuse et l'expérimentation sur le son, quelle qu'en soit la part d'improvisation, rappelle davantage la folie free des disques les plus aventureux du label SST Records (à l'époque où l'avant-garde rock se concentrait sous l'étiquette "post hardcore").

Descendant direct de la poésie beat (et notamment de William Burroughs et Allen Ginsberg), Dalachinsky est un ami du son avant d'être un amant du mot. Le sens derrière ses choix linguistique est fort et c'est important (on évite les babillages onanistes que j'ai tendance à reprocher à une partie des praticiens du verbe) mais c'est avant tout parce que leurs sons l'envoutent qu'il choisit des syllabes. Il peut alors paraitre tour à tour magnifique et charismatique puis agaçant et dépourvu d'inspiration lorsqu'il répète mots et sons, en invente, en mélange (in Ah Mores) et se lance avec un sérieux déroutant dans une énumération non pas de signifiés, de concepts mais de signifiants, de phonèmes.

[...] Sans être aussi radical que le manifeste artistique de Duck Feeling et sans même réussir aussi franchement à coupler le plaisir cérébral de l'expérimentation au régal physique du groove comme "Rhythms of Concrete" a pu le faire, cette collaboration étonnante est une totale réussite. Un enregistrement exigeant, dont la profonde recherche (sonore, psychique et d'inconnu) n'aura pas fait chou blanc. Comme le dit Steve Dalachinsky lui-même à chaque fois qu'il tend la main vers l'inconnu : on en revient toujours avec quelque chose de neuf.

Joe Gonzalez