Chronique de Massive Liquidity de Steve Dalachinsky and The Snobs
Il est des disques sur lesquels mettre des mots n'est pas chose facile à faire. Et dans le cas de Massive Liquidity, ça vire à la surcharge. Des mots, cet album en contient tant, des flots de mots pour tout dire, qu'il semble presque inconvenant, derrière tout ça, d'aller rajouter les nôtres ! Une oeuvre de poète - pour autant, ne partez pas ! - homme du jour et de ceux d'avant, dont les phrases basculent et se bousculent, proférées d'une profonde voix de gorge par cet héritier revendiqué de la beat generation. Partageant avec Burroughs ou Brion Gysin cut-up et visions asymétriques d'où jaillissent images fortes et sonorités appelant à l'ivresse de l'ailleurs. Le mot, ici, est déjà musique. La longue plongée récitative de l'artiste New-yorkais étant audacieusement illustrée par un duo art rock français, au nom railleur - The Snobs - qui expérimente et dessine inlassablement un fond sonore mouvant autant qu'hypnotique. Véritable piste de décollage pour de longues minutes d'entière liberté. Disque hors classes, hors normes et presque hors commerce, serait-on tenté d'ajouter, tant tout ici est à mille lieues des formats habituels. Bienvenue sur autre part !Alain Feydri